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Loi Création et Internet
Les 6 principaux griefs contre le projet de loi Création et Internet1) Un constat erronéLe
projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création
Internet est construit sur un postulat : le téléchargement est un
danger pour les industries du cinéma et de la musique. Peut-on adhérer
à une analyse aussi simpliste, qui conduit à faire du consommateur le
coupable idéal ?Pour parvenir à des mesures adaptées, il est essentiel de prendre un peu de hauteur sur le sujet et de démêler le vrai du faux.En
effet, une observation plus attentive de l'industrie des médias laisse
apparaître quelques faits saillants que l'on ne peut ignorer. Tout
d'abord, l'industrie de la musique ne souffre d'aucune crise. Seules
quelques grandes maisons de disques, parce qu'elles refusent de
s'adapter au monde du numérique, souffrent réellement. Les revenus
issus du spectacle vivant ou même de la diffusion publique d'oeuvres
augmentent régulièrement et sont conséquents. Seule la vente de support
souffre, soit le CD, une technologie obsolète, et les fichiers
numériques, vendus selon des formules peu attractives (prix élevé, DRM,
etc.).Du côté du cinéma, on est assez perplexe, car on est face
à un constat : cette industrie se porte plus que bien ! Les entrées en
salle progressent, la vidéo à la demande (VOD) a été adoptée par le
consommateur et les abonnements aux bouquets satellites, tels ceux de
Canal Plus, qui participent au financement du cinéma, se portent bien !
Bref, seule la vente de DVD semble souffrir. Mais avec l'arrivée de la
HD et du Blu-ray, on ne peut douter qu'il existe encore un vrai
potentiel commercial pour la vente de support.Il est encore plus
dur de comprendre pour quelle raison le cinéma français soutient cette
loi, alors que le cinéma français est très peu téléchargé !
2) Un projet purement répressif - Rien sur la suppression des MTP/DRM : Le
projet de loi ne valide pas la disparition des MTP dans les fichiers
musicaux. Le gouvernement parie sur le bon vouloir des maisons de
disque. Or, même si elles s'exécutent, cela n'empêche nullement qu'à
terme elles les utilisent à nouveau. Quand on voit l'usage qu'en font
certains acteurs, comme Apple, on ne peut que s'inquiéter. Par
ailleurs, certains modes de diffusion, comme la VOD, ne sont possibles
qu'avec des MTP et, une fois de plus, rien n'est prévu pour encadrer
leur utilisation. Faut-il rappeler que les MTP, à l'exclusion des
technologies d'Apple, sont le domaine réservé de Microsoft qui en use
et en abuse, notamment pour barrer l'entrée sur le marché d'autres
systèmes d'exploitation tels ceux basés sur Linux ?
- Rien sur le développement de l'offre légale : Autre
grand absent du projet, et pas le moindre : le développement de l'offre
musicale. Pas une ligne sur le sujet, alors même que tout le monde a
conscience qu'il est impossible de ramener les consommateurs vers des
offres commerciales sans une remise à plat des formes de distribution.
Le consommateur doit pouvoir avoir le choix et bénéficier de prix
représentatifs de sa disposition à payer (environ 6,5 euros par album).
Il est également évident que la musique ne peut échapper au modèle qui
fonde l'industrie du numérique : le forfait. Tant que l'on ne développe
pas un vrai marché de détail des fichiers numériques, tout ce qui sera
fait ne sera que gesticulations stériles.
3) Une riposte totalement liberticide - L'atteinte à la présomption d'innocence : Le
droit à la présomption d'innocence constitue l'un des aspects du droit
à un procès équitable (art. 6 CEDH) et l'un des principes de base du
droit pénal. Son respect s'impose aux membres d'une autorité
administrative indépendante telle que l'HADOPI. En application de ce
principe, « la charge de la preuve pèse sur l'accusation et le doute
profite à l'accusé ».Or, le projet de loi « Création sur
Internet » établit trois causes d'exonération (moyens de sécurisation
efficaces, force majeure et fait d'un tiers), l'abonné étant présumé
coupable à défaut d'apporter la preuve de l'une d'entre elles.L'inversion
de la charge de la preuve porte ainsi atteinte au principe de la
présomption d'innocence. Les présomptions de culpabilité en matière
répressive ne peuvent être admises, selon le Conseil constitutionnel
qu'« à titre exceptionnel [...] dès lors qu'elles ne revêtent pas de
caractère irréfragable, qu'est assuré le respect des droits de la
défense et que les faits induisent raisonnablement la vraisemblance de
l'imputabilité ».La procédure de sanction prévue par le projet
de loi ne respecte pas les conditions énoncées par le Conseil
constitutionnel : elle enfreint le principe du contradictoire, qui est
un droit de la défense, mais en outre, les moyens techniques ne sont
pas aujourd'hui suffisamment fiables pour faire induire raisonnablement
la vraisemblance de l'imputabilité.
- L'atteinte à la confidentialité des données personnelles : La
réforme proposée par le projet de loi « Création sur Internet »
consisterait à permettre la consultation par tout fournisseur d'accès à
Internet du répertoire national des abonnés faisant l'objet de la
suspension de leur accès à Internet.Or, pour être efficace, le
dispositif suppose que soient rendus accessibles non seulement le nom
de la personne qui a été sanctionnée, mais aussi les principaux
éléments de son état-civil.Le projet de loi instaurant une
obligation de consultation de ce répertoire national à la charge de
tout fournisseur d'accès à Internet avant la conclusion de tout nouveau
contrat portant sur un tel service, il en résulterait la mise en place
de traitements automatisés à l'échelle de tous les opérateurs concernés.Par
conséquent, la création de ce répertoire national accessible aux
opérateurs est contraire au principe de proportionnalité et suscite de
vives inquiétudes quant au respect de la confidentialité et de la
finalité des traitements.
4) Un dispositif techniquement irréalisteLe projet de loi souffre d'un certain manque de réalisme, notamment face à
la difficulté technique que pose l'application de certaines de ses
dispositions. Outre le filtrage que les fournisseurs d'accès à Internet
estiment irréalisable dans de bonnes conditions techniques et
financières, le texte fait l'impasse sur la difficulté de prouver que
le consommateur mis en cause est réellement l'auteur des faits.
Consommateurs et experts savent très bien qu'il est très aisé
d'utiliser la connexion wi-fi d'un tiers. Pas besoin d'être un expert
pour cela, il suffit de suivre « un mode d'emploi » comme il en existe
des milliers sur Internet.L'adresse IP ne peut pas faire foi non
plus, car même si le consommateur utilise une connexion filaire, elle
peut très bien être usurpée par un tiers. Par exemple, Pirate Bay, site
dédié au téléchargement par peer to peer, a annoncé qu'il allait
utiliser les adresses IP de consommateurs de bonne foi pour brouiller
les pistes...
5) Un projet très onéreux mais non rémunérateur pour les artistes - Le coût faramineux du projet de loi : Le
projet de loi est très coûteux pour la collectivité. La création de la
Haute Autorité a un coût estimé à 6,5 millions d'euros, auquel il faut
ajouter le coût supporté par les fournisseurs d'accès à Internet, qui,
d'une manière ou d'une autre, retomberont à terme sur le consommateur.
Selon certaines estimations, le projet de loi « Création et Internet »
représente un coût annuel supérieur à 30 millions d'euros !
- Pas de nouvelle rémunération pour les artistes : Autres
grands perdants du projet de loi, les artistes et les créateurs. À
aucun moment n'est évoquée leur rétribution, il n'est nullement fait
mention de moyens visant à leur faire bénéficier du développement de
l'économie du numérique. Les maisons de disques continueront d'empocher
le gros des revenus (soit 60 % sur la vente des fichiers numériques) et
les artistes et les créateurs se contenteront toujours de miettes (soit
5 cents pour les premiers et environ autant pour les seconds (1)).
6) Un projet contraire au droit communautaireLe projet de loi traite de la question de l'encadrement des
téléchargements de fichiers sur Internet. Or, au niveau européen, cette
question fait l'objet de discussions au travers de la révision de la
législation dite « paquet Télécom ». En effet, le Parlement européen a
adopté fin septembre, à une très large majorité (573 voix pour et 74
voix contre), un amendement affirmant qu'aucune restriction aux droits
et libertés fondamentaux des utilisateurs finaux ne pouvait intervenir
sans décision judiciaire préalable. La discussion de ce texte va se
poursuivre jusqu'en 2009.Si l'amendement du Parlement européen
était confirmé par le Conseil des ministres, alors le projet de loi
français serait contraire au droit communautaire. Le gouvernement tente
d'affirmer que l'amendement du Parlement européen n'est pas en
contradiction avec le projet de loi. Dans ce cas, pourquoi le président
de la République serait-il personnellement intervenu auprès du
président de la Commission européenne pour lui demander de le retirer ?
Il y a bien une contradiction évidente entre les règles européennes en
cours d'élaboration et le projet de loi français.
Voilà, et ce n'est que Internet, à quand les restes ? Vive le gouvernement répressif, antisociale et monarchique...
Donc on se fait enculer une fois de plus, et apparement ça plait à plus de 50% des français... Enfin ce que j'en dit....(je ne cherche pas à faire débat la dessus)